Un projet de longue date. Au départ, c’est souvent cela dont il s’agit. Mené par un auteur, passionné par un sujet qui le touche personnellement, le projet a pris forme et le temps est arrivé de le mettre au jour parce qu’il constitue une trace à conserver, un témoignage à exprimer ou un partage irrépressible.
L’auteur me livre son récit lors de la première prise de contact. Ou plus exactement, un récit de son récit. Il me raconte le pourquoi et le comment, la genèse de tout son travail. C’est un merveilleux cadeau pour mes oreilles que l’histoire de ce manuscrit chéri. Je partage alors la joie de celui qui a créé. Je l’imagine, des heures durant, penché sur son ouvrage, appliqué et porté par un mélange de joie et de souffrance. J’essaie ainsi de saisir son environnement de travail, son organisation, la place que tient cet écrit dans sa vie. Je reçois avec le plus de bienveillance possible une foule d’informations qui déjà me prépare à la relecture.
« Quasi achevé ». C’est généralement la manière dont l’auteur décrit son travail. Une bonne relecture et « zou, sous presse ! ». Je sais pourtant que le temps est un précieux allié. Alors, j’apporte le soin à cette rencontre dont l’auteur, le manuscrit et moi bénéficierons tout au long des quelques semaines ou quelques mois pendant lesquels nous ferons équipe.
Pas d’intrusion, de l’accueil. Qu’il est difficile d’uniquement écouter, de simplement recevoir quand déjà les idées fusent ! Souvent j’ai envie de donner mon avis, de partager mon ressenti immédiatement. M’arrivent à l’esprit les premières éventuelles améliorations à apporter, des idées d’ajouts ou des envies de mises en valeur de certains passages. Je m’efforce de dompter cet empressement, tout en ayant à cœur de conserver précieusement ces premières impressions.
Embarquée. Ensuite, tout va très vite et me voilà dans le bateau de l’écrivain. Je me laisse guider par son enthousiasme. La destination me fait rêver autant que lui : finalisation, impression, édition peut-être.
Peut enfin commencer la vraie collaboration. Je reçois par mail un extrait ou la totalité de l’œuvre.
Je me mets dans les meilleures conditions possibles pour le découvrir. Je l’imprime en verso uniquement, j’empile les feuilles en une parfaite pile et j’inspire profondément. Je sais que nous allons passer du temps ensemble, ces feuillets et moi. Ce texte fera l’objet de mes heures de bureau et s’invitera même parfois dans mes heures de repos.
Ma première relecture n’a pas pour but de chasser les erreurs. Elle a davantage pour vocation de m’emmener en voyage, de me donner envie de poursuivre ma découverte, page après page. Je sais qu’elle est la première d’une longue série. Pourtant je m’efforce de faire la part belle à une lecture plaisir. Est-ce que j’y parviens ? Plus ou moins. Rapidement, mon crayon laisse quelques traces, ici et là, qui prouvent que la démarche est engagée.
Bien entendu, les corrections orthographique, grammaticale et syntaxique seront effectuées méticuleusement mais autre chose se joue dans chaque investissement auprès d’un auteur et c’est bien cet accompagnement-là qui me fait vibrer … et que je continuerai à vous conter.